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Vous entendez des parasites ou des sifflements dans votre chaîne Hifi ? Vous pensez à la nouvelle pompe à chaleur ? Méfiez vous de vos câbles audios !

Pompe à chaleur qui siffle ?
Alerte aux câbles audio de mauvaise qualité

Il y a quelques années j’ai installé une pompe à chaleur. J’ai eu la désagréable surprise d’entendre un sifflement aigu dans une de mes installations audio lorsque le compresseur fonctionne.

J’ai essayé de nombreuses solutions, plus couteuses les unes que les autres, sans succès :
  • création d’une prise de terre dédiée à la pompe à chaleur, au plus près de celle-ci ;
  • alimentation de la pompe à chaleur par un câble 3G6 blindé ;
  • installation d’un filtre CEM sur la pompe à chaleur.

L’installation audio concernée était le petit ampli qui est dans ma cave qui me sert d’atelier, il reçoit le signal audio à amplifier depuis la chaine hifi du salon via un câble audio d’une dizaine de mètres.

Une solution, que je n’avais pas essayée, aurait été de passer cette liaison audio en symétrique. Cette solution est onéreuse et dégrade le signal qu’il faut convertir deux fois.

Depuis, j’avais oublié ce problème.

Ces derniers jours, j’ai acheté un Raspberry PI et un « hat » Hifiberry DAC, pour réaliser un lecteur multimédia pour toute la maison. Grâce à la distribution Linux RuneAudio, il se connecte en WiFi à mon réseau local, permet de lire mes fichiers audio et des radios en streaming. RuneAudio se pilote via une interface web ; aussi, un smartphone connecté en WIFI sur mon réseau local devient alors une télécommande qui fonctionne partout dans la maison.

Il reste à relier la sortie audio du DAC connecté au Raspberry PI à mes installations audio. Il va falloir plusieurs mètres de câbles audio. J’en ai plusieurs en stock, de différentes sortes.

J’ai alors décidé de tester la qualité de ces câbles audio.

Comment faire ?
  • trouver un générateur de parasites dont la masse est reliée à la terre et la sortie reliée à un long fil faisant office d’antenne ;
  • placer les câbles audio à tester le long de ce fil d’antenne ;
  • mesurer avec un oscilloscope le niveau de parasite dans chaque câble audio à tester.

Mon générateur de parasite est un générateur de signaux carrés que j’avais réalisé il y a 25 ans, avant d’avoir les moyens d’équiper mon labo d’électronique de matériel de mesure.

La qualité n’est pas très bonne, et il dispose d’une sortie puissance pouvant délivrer de 0 à 10V et jusque 1A. Comme générateur de parasites, il est parfait.

Les photos suivantes montrent le dispositif de mesure – le générateur est réglé sur environ 10 kHz :
https://www.elektormagazine.fr/image/original/138663
https://www.elektormagazine.fr/image/original/138665

J’ai alors découvert des différences de qualité énormes entre les câbles.

Regardez l’oscillogramme ci-dessous :

https://www.elektormagazine.fr/image/original/138666

La sensibilité de la voie 1 est de 100 mV/div, celle de la voie 2 est de 2 mV/div

Autrement dit, le câble connecté voie 1 à un niveau de parasites en tension 50 fois supérieur à celui du câble connecté voie 2. Ces deux câbles audio blindés font la même longueur.

Surprise : le meilleur câble est le plus fin !

J’ai fait d’autres mesures comparatives avec d’autres câbles… Il y a une différence très nette entre les câbles « mauvais » et les « bons ».

J’ai eu l’idée de remettre en route ma pompe à chaleur et de faire des mesures « acoustiques », en branchant les câbles à mesurer à l’entrée d’un amplificateur audio dont le volume est poussé au maximum. Ces mesures « acoustiques » confirment les mesures faites à l’oscilloscope.

C’est même pire que ce que j’avais imaginé : 30 cm de mauvais câble (à gauche) apportent bien plus de parasites que 10 mètres de bon câble (à droite) :

https://www.elektormagazine.fr/image/original/138659

Le fameux câble audio qui délivrait le signal à l’amplificateur de mon atelier était mauvais. Je l’ai remplacé par un bon câble, plus aucun sifflement.

Pour comprendre ce qu’il se passe, il faut couper et dénuder les câbles :

À gauche un mauvais câble, à droite un bon câble :

https://www.elektormagazine.fr/image/original/138660

À gauche un mauvais câble, à droite un bon câble :

https://www.elektormagazine.fr/image/original/138662

Voici l’explication : la qualité du blindage. Les bons câbles ont un blindage intégral qui couvre bien la circonférence de l’isolant de l’âme. Les mauvais câbles ont un blindage insuffisant.

Là où la situation se complique, c’est qu’il est impossible de distinguer à l’œil nu un bon câble d’un mauvais.

Pire : certains bons câbles sont très fins, et des câbles épais d’apparence professionnelle, payés assez chers sont mauvais.

Voyez les photos suivantes.
 
Voici une photo de mauvais câbles :

https://www.elektormagazine.fr/image/original/138664

Voici une photo de bons câbles :

https://www.elektormagazine.fr/image/original/138661

Vous l’avez vu par vous-même : impossible de distinguer les bons câbles des mauvais à l’œil nu !

Sommes-nous en présence d’une arnaque ou d’un défaut de fabrication ?

J’ai fait une remarque : tous les câbles audio que j’ai fabriqués moi-même sont bons. La raison est simple : quand on fait un câble audio soi-même, on se rend compte de la qualité du câble, car il faut bien le dénuder avant de le souder aux connecteurs.

Nous sommes bien en présence d’une arnaque.

Ni le prix d’un câble, ni son épaisseur, ni l’aspect des connecteurs ne présument de sa qualité.

Je ne sais pas quelle économie réalisent les fabricants en fabriquant un mauvais blindage. Un mauvais câble audio coute presque aussi cher à fabriquer qu’un bon câble : il faut les mêmes connecteurs, la même quantité d’isolant. J’ai une caisse pleine de mauvais câbles, je ne peux rien en faire, ils sont bons pour la poubelle.

La solution la plus efficace pour lutter contre les parasites sans se ruiner c’est de fabriquer soi-même ses câbles audio.

Il faut faire attention à blinder l’intégralité du trajet du signal, j’ai constaté qu’un mauvais blindage sur 30 cm sur le parcours du signal suffit pour recueillir des parasites. C’est aussi valable pour les liaisons entre le circuit imprimé et les connecteurs en façade dans les équipements audio.

Les équipements audio « vintage » peuvent souffrir d’un manque de blindage en interne. Dans un logement des années 1960, la seule source de parasites était la tension du secteur de 50 Hz. Les appareils de cette époque n’étaient pas conçus pour répondre aux normes CEM d’aujourd’hui. Lors de la restauration d’un appareil ancien, ou de la fabrication d’une réplique, il faut en tenir compte.

Il y a aussi une autre solution : les liaisons à basse impédance.

Si vous devez relier la sortie de votre carte son à un amplificateur éloigné, cette solution est possible. En effet, une carte son a une impédance de sortie assez basse, pour alimenter un casque sans amplificateur. Ainsi, l’impédance de sortie de ma carte son est de 32 Ohms. L’impédance d’entrée d’un amplificateur audio est élevée, souvent de l’ordre de 10 K Ohms. La solution consister à « charger » le câble côté amplificateur ; concrètement, souder au niveau des connecteurs du câble audio côté amplificateur une résistance de 330 Ohms entre la masse et l’âme de chaque câble audio, le droit et le gauche. La perte de signal est minime, et le rapport signal bruit est grandement amélioré.

Actuellement, mon Raspberry PI alimente tous les amplis de la maison avec au total plus de 20 mètres de câble audio, mais de bonne qualité. Même lorsque ma pompe à chaleur est en route, le Raspberry PI sur pause et le volume des amplificateurs au maximum, je n’entends aucun parasite.

Il reste encore une amélioration possible : un petit tore de ferrite pour éviter les fameux parasites du GSM - choisissez des tores assez gros pour pouvoir passer à l'intérieur une fiche RCA et le câble :

https://www.elektormagazine.fr/image/original/138676

Rémy LUCAS